Admirer la vue sur le Bassin minier depuis le terril le plus long d’Europe

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Le terril de Pinchonvalles, un « paquebot » dans le Nord Pas-de-Calais

On l’appelle le paquebot car le terril de Pinchonvalles se découvre sur 3 niveaux résultant de la mise à terrils par différents moyens techniques à différentes périodes : par trains et convoyeurs à bandes mais également en partie par sauterelles.
Il est composé de trois plateaux, le premier proche des 40 m, le second des 80m et enfin le troisième niveau culmine à 119m. De son sommet et selon l’endroit où vous vous situez vous pouvez admirer le monument Canadien de Vimy,  les terrils jumeaux de Loos-en-Gohelle ou le chevalet de la ville de Liévin. 

Qu’est-ce que ça veut dire terril ?

Mais avant de rentrer plus en détail sur ce fameux terril de Pinchonvalles, il faut bien répondre à la question : qu’est-ce qu’un terril ? Comment se forme t-il ? De quoi est-il composé ?

Lors de l’exploitation des mines qui a durée près de 300 ans dans le Nord Pas-de-Calais, les mineurs remontaient du charbon mais pas que. Schiste, grès, matières organiques charbonneuses… tous ces résidus remontés à la surface étaient séparés du charbon, triés à la main par des femmes pendant longtemps puis de façon mécanique. Les milliers de tonnes de résidus étaient accumulés en un amas de terre à coté des carreaux de fosse pour devenir des collines artificielles. 
Selon les différentes techniques employées pour la mise à terril, les lieux et les époques ces collines façonnées par l’homme ont pris différentes formes.
Terril plat, terril conique, terril tabulaire, terril mixte, les formes sont variables. Et pour le terril de Pinchonvalles, nous sommes sur un terril plat comme son cousin le terril des Argales à Rieulay. 

Pinchonvalles, le « rival » de Rieulay 

En 1946, au moment de la nationalisation des Houillères, le Terril des Garennes,  sur la commune de Liévin et le long de la Souchez arrive à saturation. Le terril du Pinchonvalles est donc édifié juste en face.  

De 1946 à 1977 les milliers de tonnes de résidus miniers ont permis d’ériger ce terril qui est aujourd’hui le plus long d’Europe avec ses 1,750km. Il est situé sur les villes d’Avion, Liévin et Givenchy-en-Gohelle. 

Ce terril n’a rien à envier à ses voisins, les terrils jumeaux de Loos-en-Gohelle les terrils coniques les plus connus du Nord Pas-de-Calais mais aussi d’Europe.
Il n’a rien à envier également, à l’autre terril plat de la région, le terril des argales. Un long et large terril plat où il est possible de rencontrer les chevrettes du Terril.
Classé biotope depuis 1992, le Terril de Pinchonvalles est d’une richesse unique en son genre. Espace naturel protégé, il est aujourd’hui une zone de refuge pour la faune et la flore.

Une vue imprenable les terrils jumeaux de Loos-en-Gohelle au 11/19 et Haillicourt

Avec ses 3 niveaux et ses différents sentiers de randonnées, les vues  sont plurielles. Si vous commencez par le premier niveau côté Liévin, vous aurez l’occasion de voir les terrils jumeaux de Loos-en-Gohelle depuis le  belvédère érigé par Eden62, gestionnaire du site pour le département du Pas-de-Calais.
Au niveau 2, on longe le terril tout en contemplant les anciennes cités minières d’Avion inscrites au Patrimoine Mondial de l’Unesco.
Au niveau 3, selon votre avancée, vous pouvez avoir une vue imprenable sur le monument canadien de Vimy (à côté d’Arras) mais aussi sur les collines de Notre Dame de Lorette.
Côté « Bassin Minier », parmi la multitude de terrils, vous reconnaitrez le Bossu de Méricourt, le terril Saint Henriette ou bien encore les terrils du Pays à Part à Haillicourt.

Le terril plat de Pinchonvalles  © Yannick Cadart - CD62
Le terril plat de Pinchonvalles  © Yannick Cadart – CD62

Pas que du charbon et du schiste sur la Chaîne des Terrils

Une richesse faunistique et floristique

L’un des aspects les plus surprenants des terrils du Nord Pas-de-Calais est la biodiversité qui s’y est développée. Ces espaces d’abord autères et inhospitaliers sont devenus des refuges pour de nombreuses espèces animales et végétales. La végétation parfois rare et endémique s’est adaptée aux conditions particulières de ces sols noirs. Les terrils font d’ailleurs l’objet de nombreuses études scientifiques. 

Dans les années qui ont suivi la fin de l’exploitation minière, le terril de Pinchonvalles, comme beaucoup d’autres, a subi un processus de renaturation. La végétation a progressivement colonisé les pentes de ce terril, créant un écosystème unique où la nature reprend ses droits. Aujourd’hui, le terril est un lieu de diversité biologique, abritant une multitude d’ espèces de plantes et d’animaux.
Alors partez à l’assaut de ce terril, ouvrez grand vos yeux et vos oreilles. S’il y a un bien un terril où vous serez surpris par la nature, c’est à Pinchonvalles. Le site est composé de clairières, zones d’eaux protégées mais aussi de zones de quiétude pour en faire de cet espace naturel protégé le paradis des animaux mais aussi des visiteurs passionnés.
Ici les crapauds calamite côtoient les libellules. Le papillon vulcain virevolte avec le Grand Mars changeant. Alors qu’au 3ème niveau, vous avez une vue sur le Bassin minier, ses jumeaux mais aussi Vimy, vous aurez peut-être la chance de croiser les chevreuils ou chevrettes. Parfois au niveau 1, au niveau 2 ou au niveau 3, il faudra être matinal pour les observer. Vous aurez peut-être plus de chance avec les écureuils ou les lapins. 

Randonnées et courses  sur le terril 

Le terril de Pinchonvalles est également devenu un lieu de loisirs pour les habitants de la région. Des sentiers de randonnée ont été aménagés, permettant aux visiteurs de découvrir les paysages spectaculaires et de profiter de vues panoramiques sur la région. C’est un site apprécié pour les activités de plein air comme la marche et les trails.
Vous pouvez aussi emmener votre tapis de yoga, pour vous poser sur le belvédère aménagé par Eden62. 

Le terril de Pinchonvalles se picore, se découvre et il faudra revenir très souvent pour le connaître par coeur. A chaque saison, l’ambiance est différente et on attend l’été avec impatience pour déguster les mûres que l’on peut déguster le long des chemins. 

La saison qui a du bon

À l’automne, on dit que le terril est le plus riche en champignons de la région alors on enfile nos bottes et notre paire de gants pour partir en cueillette tout en prenant le grand air au cœur du Bassin minier.

Un terril sur les communes de Liévin et Avion 

Trois sentiers aménagés vous permette de découvrir ce terril et d’admirer la vue à son sommet.

  • Le sentier du Traquet de 1,6 km,
  • le sentier du hercheu de 2,2 km, 
  • le tour du terril de 3,6 km. 

Infos pratiques

  • Eden62 qui a le terril en gestion organise régulièrement des visites (la découverte des champignons est très prisée) tout comme la Chaine des Terrils mais également l’Office de Tourisme de Lens-Liévin.
  • Si vous avez faim  après votre randonnée , rendez-vous à la baraque à frites « la Frite du 7 », à l’excellent restaurant « L’Auberge de la Coulotte » ou au restaurant Al’ Fosse 7 pour une ambiance mine et noir charbon.
  • Poursuivez votre visite côté Lens en vous rendant au Louvre-Lens ou pourquoi pas sur d’autres terrils comme le terril de Noeux-les-Mines et réaliser une petite descente à ski. 

Comment prononcer terril ? 

La fameuse question ! Certains prononceront le L d’autres le laisseront muet mais le mot terril provient du wallon « terri » et il n’y avait pas de L à l’époque. (dans Germinal d’Emile Zola, il est inexistant).
Le L a été ajouté par un journaliste parisien venu lors de la catastrophe de Courrières en 1906. Il demande alors à un mineur d’épeler terril qui dira « avec un L comme fusil ! » Mais pour ne pas froisser les puristes, il est recommandé de laisser le L muet… 

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